vendredi 16 février 2018

Lectures

2023

  1. Les Sentinelles des blés de Chi Li
  2. Moui. Y'a une sensibilité quand la narratrice raconte son enfance (les-dites Sentinelles de blés) ou les difficultés de son couple (même si y'a peu de remise en question de Yi Mingli). Différentes rencontres dans son périple de Wuhan à Pékin : intéressant. Sa sensibilité est parfois hypertrophiée avec des décisions impulsives, des changements brutaux du personnage qui me convainquent peu et me laissent sur ma fin.
  3. Le Septième jour de Yu Hua
  4. Plutôt bien. L'ambiance dans l'autre monde est très intriguante. Les différentes histoires de vie (et surtout de mort) qui sont agrégées sont intéressantes. Mais c'est aussi assez cliché : catastrophe sur catastrophe, corruption des autorités, pratiques mafieuses… tous les maux classiques répertoriés dans la fiction (littérature, cinéma) chinoise contemporaine. Là c'est de l'overdose de catastrophes, ce qui s'explique parce qu'on est dans l'autre monde (donc il a bien fallu mourrir), mais c'est lassant. Je suis aussi pas convaincu par ses accès de poésie : je vois pas trop d'où ses images viennent (ça peut être la traduction…).
  5. Nouvelles de Singapour
  6. 6 auteur·rices de Singapour. Catherine Lim : bien écrit et intriguant, j'aurais aimé savoir ce qui s'est passé. Wena Poon : l'émigration en Occident, un fossé et de l'ironie : pas mal. Tan Mei Ching : comparaison entre les Chinois restés en Chine et ceux partis à Singapour, pas tjs bien écrit mais intéressant. Lim Thean Soo : les trucs nostalgiques (retour à SG) ça me touche tjs mais l'appaisement mémoriel est ici brouillon. Alfian bin Sa'at et Kirpal Singh : peu ému, pas sur de comprendre. Peut-être je manque de contexte culturel.
  7. Le capitaine Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte
  8. J'aime sa description du Madrid du Siglo de Oro (1620). C'est très sympa de voir la ville vivante, ses habitants, ses codes, sa culture (Gongóra, Lope de Vega, Quevedo), ses conditions de vie… l'auteur sait rendre ça bien (je suis incapable de savoir si c'est historiquement correct). L'histoire est peu innovante et les personnages montrent autant d'expression que Jason Statham ou Cricri Lambert. Les extraits de poèmes sont lassants : ça casse le rythme et c'est pas follichon. Ça me fait penser à Léo Perutz.
  9. L'Aliéniste de Joaquim Maria Machado de Assis
  10. Une nouvelle sympathique, mais j'attendais mieux du GOAT de la littérature brésilienne. Il est possible que je n'ai pas tout compris et la traduction est parfois maladroite. Les personnages sont flous et y'a peu de psychologie. Rien ne s'oppose au pouvoir et actions de Simão Bacamarte. C'est plus un conte amusant, distrayant mais sans plus. Reste une question qui m'intéresse : est-ce que les « perfections morales » (humilité, tolérance, pureté…) sont des pathologies mentales ?
  11. Syngué sabour d'Atiq Rahimi
  12. Intéressant. J'ai des problèmes avec son style télégraphique, probablement utile pour donner du rythme, mais dont il abuse : « Un seul. Long. Déchirant. Et reste immobile ». Y'a aussi un côté trop théâtral dans son monologue avec son mari. Mais, côté positif : des séquences où elle se confie car personne ne la juge, des passages assez proches du conte, la condition de femme toussa.
  13. Naked pictures of famous people de Jon Stewart
  14. Plusieurs histoires. C'est inégalement drôle mais tjs imaginatif.
  15. Jacob, Jacob de Valérie Zenatti
  16. Bien écrit et émouvant. Une famille juive à Constantine, ça aurait pu faire une belle saga mais ça fait moins de 200 p.. Ça a l'air très beau comme ville, ça me fait penser à Le Clezio dans les descriptions. Quelle légitimité a VZ à décrire la guerre, une histoire d'homme ? Elle n'en a aucune connaissance que fictionnelle, mais comme beaucoup d'auteurs masculins… C'est bien qu'elle revienne sur les femmes de Constantine. Je pleure souvent à la fin. Intrigué par sa description des pauvres, les hommes de la famille Melki, comme si c'était une caricature classiste (ou alors c'est un ressenti d'islamo-gauchiste).
  17. La Déchéance d'un homme de Dazaï Osamu
  18. Déçu, c'est pourtant un classique de la littérature japonaise. Le style est probablement très bien selon les canons, mais c'est parfois pompeux et surtout Yōzō mais quoi, foutez-lui des baffes ! Il chouine, passif, veule… peut-être c'est original de nous mettre, nous lecteurs, à la place du déchet mais c'est pas plaisant. Y'a des situations et des comportements que je ne comprends pas. Je suis quand même allé jusqu'au bout.
  19. Et si les animaux écrivaient ? de Vinciane Despret
  20. Très sympa. C'est sensé être une conférence pour les enfants mais c'est quand même pas simpliste. C'est court donc elle n'a pas pu rentrer dans les détails scientifiques (ou alors elle n'est pas à l'aise puisque ni éthologue, ni biologiste). J'aime bien son expression « catastrophe de l'exceptionnaliste ». Elle ne discute pas de ce qui constitue l'écritre et utilise un concept large et vague qui est certes très poétique mais pas complètement satisfaisant.
  21. Les Enfants des riches de Wu Xiaole
  22. Très bien. Roman sociétal sur la vie quotidienne d'un couple (surtout la femme) avec enfant à Taïwan. À la fois oppressant (« une lente asphyxie » de plusieurs années, les renoncements, la pression sociale, la concurrence permanente, la famille) et fin dans son analyse. La fin est un peu maladroite.
  23. Qu'est-ce qu'un homme sans moustache d'Ante Tomić
  24. Correct. Morceaux de la vie d'un village croate. Des histoires pas très creusées et parfois avec de la grosse ficelle pour l'intrigue et un humour discret. Facilement adaptable en série vu le nb de persos. Fun fact : l'auteur porte le même nom qu'un de mes joueurs favoris de basket.
  25. Des Chevaux et du vent d'Akiko Kawasaki
  26. Intéressant. J'aime bien la description des différentes époques du Japon mais aussi, peut-être pas de la volonté de l'autrice, ce que le récit montre de la manière de penser « japonaise » (symbolisme, sacrifice et dette d'honneur, se taire, culpabilité permanente, nationalisme jusque dans les races de chevaux qui ne doivent pas s'abatardir avec des races non-jap, les choses ont une place et un rôle immuables et sinon, il faut « retrouver ce qui avait été perdu, remettre les choses à leur place », « l'ordre ancien », l'harmonie…). Sutezō, Kazuko, Hikari : des jeunes adultes confrontés à des choix difficiles. La dernière partie (Hikari) est la moins réussie, trop de symbolisme à la con. C'est bien écrit avec parfois des efforts de style.
  27. Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga
  28. Correct. Le style est consensuel, journalistique donc ça se lit bien. Les personnages sont peu marqués (je confonds Veronica et Virginia) et peu développés au dela de leur symbolisme (Goretti représente l'armée, Gloriosa, le pouvoir politique mais ce ne sont pas vraiment des personnages) et la structure narrative n'est pas celle d'un roman mais une suite de chapitre indés avec les mêmes persos dans la même institution : ça fait série télé mais ça dégage difficilement une histoire sur le long terme (au moins jusqu'aux derniers chapitres). J'ai aussi des réserves sur le cliché ou la facilité qui consiste à mettre de la magie et du mysticisme pour faire un roman africain. Malgré tout, j'ai pas l'impression d'avoir perdu mon temps : j'y ai vu un côté documentaire, pas uniquement de la cohabitation Hutu-Tutsi (et Twa), qui enrichit ma connaissance du Rwanda (sujet que je connais bien).

2022

  1. L'Homme électrique de Victor Fleury
  2. Steam punky avec plein de personnages de la littérature française (Strogoff, Cagliostro, Lupin, Dracula, Mme de Rozès et Sophie, Rémi sans famille). Des faiblesses : combats inutiles et longuets, des effets de style galvaudés et qui tombent à plat, l'androïde n'est pas assez creusé (pas convaincu par ses hésitations ou questionnements, sur lui-même ou sur les actions, camps qu'il doit choisir). Mais ça se lit correctement vite, c'est dynamique et j'aime bien l'idée d'un steam punk à la française. Une idée qui me reste durablement : « Toute morale provient d'abord de la souffrance : le mal la provoque, le bien l'empêche », la douleur comme une fonction de fit de sa morale.
  3. La Petite dernière de Fatima Daas
  4. Je m'attendais à un texte littéraire (vu le buzz lors de la parution) mais le style, à base de répetitions, devient lassant et finalement ce j'en ressors c'est plus un témoignage, un thread twitter ? (toutefois, le personnage principal et l'autrice ne sont pas exactement pareil). De Twitter y'a les stratégies de drama queen (sans remettre en doute la haine de soi qu'elle exprime) pour récolter du love. Ça se lit vite avec des phrases courtes.
  5. Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu de Karim Berrouka
  6. Je ne connais pas l'univers lovercraftien donc je suis un peu perdu entre les factions, les clins d'œil. Et Ingrid qui au début est dynamique et fait preuve de déduction pour essayer de comprendre la situation (ce que j'apprécie tjs, ça permet de participer au récit), disparait peu à peu pour devenir un outil passif qui ingurgite les explications de Tungdal. Il reste des idées, des phrases intéressantes et la description du rituel final est puissante, envahissante.
  7. Au prochain arrêt de Hiro Arikawa
  8. Un style propre, très factuel, et très descriptif, explicatif (j'aime bien parce qu'en général, j'ai du mal à comprendre les motivations et contraintes dans lesquelles se débattent les personnages, donc si on m'explique, ça m'arrange). La grand-mère compréhensive, avec des bons conseils de bon sens, les mémoires des bons gouts, bons souvenirs… Et à la longue, malgré des situations difficiles pour les personnages, ça tourne au babybel, un truc sans saveur, peut-être à cause du style, peut-être à cause du côté japonais, où il ne faut jamais faire de vague, ne pas s'opposer, un carcan bien intégré par chacune, peut-être parce que ça ne va pas assez profond (pourquoi tout le monde accepte ça ? le roman est tjs rassurant). Je pense que le côté fade, inexpressif de la narration sert à renforcer le carcan dans lequel les Japonais évoluent mais boy c'est frustrant même si au final c'est instructif.
  9. La Saison du Soleil de Shintarō Ishihara
  10. En fait y'a 4 nouvelles d'Ishihara. Je m'attendais, surtout avec la nouvelle principale, à un gros blast mais pas tant. Peut-être parce qu'on n'est plus dans les années 1950, peut-être la traduction de l'époque émousse le récit. Outre l'aspect culturel sur la base de taiyozoku, les nouvelles sont intéressantes : la baston, la violence, la domination (qu'on voit surtout à l'encontre des femmes), « jouer de notre force nous comblait » révolte contre les adultes qui ont perdu la guerre mais malgré la volonté individualiste, le groupe reste essentiel et te contraint à son comportement.
  11. Ancienne capitale de Chu T'ien-hsin
  12. Gros travail des traducteurs pour rajouter des notes contextuelles au roman (237 au total). Y'a des passages sympa mais en général j'accroche pas. D'abord parce que je comprends pas (ce qu'elle veut dire, qui sont les personnages, où on est : c'est tjs flou), ensuite y'a une overdose d'érudition qui noie son propos (elle n'a pas le talent de Sebald, ou alors j'ai pas la familiarité avec son contexte). Peut-être son récit a un gout particulier, nostalgique, quand on est Taïwanais d'une certaine génération (mais même là, il faut avoir une très bonne connaissance socio-politico-culturelle de l'île et peut-être cette nostalgie ne marche que quand ta famille est arrivée en 1949 avec le KMT) ?
  13. Le Discours de Fabrice Caro
  14. Le livre est un stream of consciouness pendant un repas de famille. C'est drôle et bien écrit. Adrien est lâche mais lucide : comment peut-on démystifier la comédie dans sa conscience sans vouloir rien changer, rester dans l'ennui le plus abyssal ? Also : est-ce qu'on peut réutiliser les « noms affectueux » d'une relation à l'autre ?
  15. Comme un désir qui ne veut pas mourrir d'Alia Mamdouh
  16. J'ai rien compris. Les phrases me demeurent hermétiques, j'ai l'impression que ça n'a aucun sens (ou alors c'est mal traduit ?). Peut-être c'est de la poésie et je n'adhère pas ? J'arrête au bout de 60 pages.
  17. Fragments de fleurs aux pétales cramoisis de Santiago Eximeno
  18. Recueil de nouvelles de genre fantastique. Bien écrit. Parfois le sujet de la nouvelle est classique mais ça reste sympa, à défaut d'être haletant. Mention spéciale à À la fin du voyage, sorte de Himmel über Havanna.
  19. Anna guidant le peuple de Maëlig Duval
  20. Bien écrit mais le style est parfois un peu prétentieux. Y'a ni discussion politique (des trucs assénés à droite à gauche), ni le point de vue d'Anna : c'est juste Zozime qui chouine pendant 170 pages.
  21. Je suis le rêve des autres de Christan Chavassieux
  22. Très bien dans le style et dans l'histoire. Des univers intéressants (style fantastique médiéval), un long voyage un peu philosophique avec un personnage principal (Foladj, Folache…) qui décline.
  23. Ce que le destin nous refuse de Bénédicte Coudière
  24. J'ai pas accroché au style, mais l'histoire m'intriguait et je suis allé au bout mais c'est resté moyen (et la situation confusément décrite). Le lien entre Ariadnê et Orianne (en colloc dans leurs esprits) est intéressant. Un est sans intérêt et Sanyakta sous-exploitée.
  25. Carne de Julia Richard
  26. Une histoire de zombies, enfin d'infectés, réussie : pas facile vu comment le sous-genre est labouré. L'autrice captive l'attention avec une suite non ordonnée de chapitres : ça oblige à rester concentré. Y'a de l'humour, des analyses fines sur le boulot, de la réflexion sur la responsabilité, l'individualité des infectés et c'est correctement écrit. C'est pas aussi drôle que Le Club des punks contre l'apocalypse zombie de Karim Berrouka (dans le même sous-genre). Le perso de Jessica est trop peu analysé et je suis pas tjs convaincu par ses passages poétiques.
  27. L'Hôtel du Cygne de Zhang Yueran
  28. Bien écrit et touchant. Une petite scène de vie chinoise comtemporaine et urbaine. C'est un petit roman, en taille et profondeur, au cadre bien limité, donc je reste un peu sur ma fin.

2021

  1. Râmâyana de Vâlmîki
  2. (une version prosifiée et réduite) Pas du tout aimé cette ambiance où l'honneur est la clef de tout et il faut le défendre par tous les moyens (pire que dans les œuvres de Racine ou Corneille) ; il faut aussi s'aplatir devant les sages, s'humilier ; les femmes sont des trophés… Toujours se soumettre. S'ajoutent le manque de dilemmes moraux intéressants (ou auxquels je peux m'identifier), des méchants caricaturaux ou le manque de "vrais" gens (y'a que des guerriers, ascètes ou riches marchands) qui rendent les passages sur le gouvernement d'Ayodhyâ potemkinesques. C'est intéressant comme « fenêtre sur l'indianité » mais boy… faut s'accrocher.
  3. Sans toucher terre d'Antti Rönkä
  4. La langue est simple mais y'a une bonne perception, explication et inclusion dans le roman des mécanismes psychologiques. Certains aspects du personnage d'Aaro me rappellent moi jeune, donc parfois j'ai de la sympathie envers lui, parfois de la haine pour sa —notre— pusillanimité.
  5. Rage against de machisme de Mathilde Larrère
  6. très intéressant et l'écriture est facile, mais ça souffre d'un pb : survoler la place et l'histoire des femmes en 200 pages force à un propos parfois simpliste et souvent j'ai envie de rentrer dans les détails. Y'a une biblio à la fin, j'espère que ça m'aidera.
  7. Riot Grrrls de Manon Labry
  8. Oh boy girl, j'ai souffert : c'est écrit dans un style de journaliste musical, genre « l'ouverture sur le riff qui te coule direct dans les veines et te pète à la tête en feu d'artifice …» Des tonnes dans ce style, y compris les parties plus importantes sur le mouvement et les motivations. Je pense que c'est une tentative de reproduire le style grrrl zine, mais yuk. Déçu aussi de son propos peu développé sur commercial/mainstream vs indie. Y'a quand même de la recherche documentaire et surtout la traduction des propos des principales concernées qui font passer la pilule. J'espère que l'ouvrage de Sara Marcus est moins chiant.
  9. Pour l'intersectionnalité d'Éléonor Lépinard et Sarah Mazouz
  10. Je pensais lire 66 pages sur un format 13 × 9 cm super rapidement. Erreur : c'est riche et intéressant. J'ai évidemment des doutes sur certaines positions : remplacer l'universalisme abstrait « de surplomb » par une multiplications de points de vue semble s'opposer à une approche scientifique, objective, chiffrée et transformer la sociologie, si c'est pas déjà le cas, en une une discipline d'éditorialistes.

2020

  1. Les Îles aux Pins de Marion Poschmann
  2. Y'a des passages sympas, sur l'esthétique, la littérature, la poésie japonaises, des descriptions. Le roman est mystérieux : les relations entre les deux personnages, la réalité de ce qui se passe. Mais parfois, les phrases m'ennuient et je m'y perds (je suis probablement un peu allergique à la poésie en général ou celle de l'auteure en particulier mais j'avais eu la même difficulté avec les romans de la poète Herta Müller).
  3. Pourquoi nous aimons les femmes de Mircea Cărtărescu
  4. Recueil de nouvelles où l'auteur parle de femmes, de ses relations avec les femmes. Forcément, y'a du bon [Nabokov à Braşov] et du moins bon. Je suis convaincu du talent littéraire de l'auteur mais deux choses me gènent : d'abord le côté gélatineux (c'est un terme qu'il utilise), visqueux de son écriture : ça rend le texte difficile à lire (et pas seulement dans ses descriptions de rêves), parfois confus ou lourdaud. Ensuite, la réalité est morose, le héros est un littéraire dépressif et un peu malsain qui se vautre dans son malheur, personne n'est sympathique, y'a pas de lumière… Ça ressemble à la vision d'un adolescent malheureux mais sans la fraicheur de la jeunesse, sans se départir d'un côté glauque.

2019

  1. Hope in the Dark de Rebecca Solnit
  2. C'est pas tous les jours la joie dans la mouvance alter/gaucho/pas content, on a l'impression que tous les combats sont des échecs. Solnit essaie de redonner de la perspective et de montrer des petites victoires qui s'acquièrent au prix de longs combats. Ça redonne la patate, au moins temporairement quand vous êtes pessimiste.
  3. Old Man's War de John Scalzi
  4. Trilogie scifi. Le premier est sympa parce qu'on découvre les personnages, un univers… Les deux suivants sont corrects mais sans plus.
  5. La Chine en dix mots de Yu Hua
  6. Une perspective sur la Chine, les Chinois et leur histoire. Pas par un historien mais très bien écrit et essaie d'avoir une vue systémique.
  7. La Chine d'en bas de Liao Yiwu
  8. Un peu à la manière de La Zermi du monde de Bourdieu, des entretiens avec différents Chinois "d'en bas". Très intéressant.
  9. Comprendre la Chine d'aujourd'hui de Jean-Luc Domenach
  10. Plein d'anecdotes intéressantes sur la vie quotidienne en Chine, ça complète Liao Yiwu et Yu Hua mais ça manque de la perspective de Yu Hua.
  11. Les débuts de l'Islam de Françoise Michineau
  12. État de l'art sur la recherche contemporaine à propos de la vie du Prophète Mohammed et les débuts de l'Islam. La recherche contemporaine s'éloigne des siècles de chaînes de fiabilité des ahadit en utilisant les méthodes scientifiques : analyse textuelle, contextualisation historique, utilisation des différentes sources de l'époque, archéologique… Très riche.
  13. Le Monde d'après de Camille Tedesco
  14. Photos et balades dans Kaohsiung. Un aperçu de l'urbanisme et un peu d'urbex pour montrer à voir la vie à Taïwan. Parfois je tique sur l'opposition nature bien vs ville décadente. L'écriture est sympa aussi, même si y'a des traces de « khâgnismes ».
  15. In America de Susan Sontag
  16. Très bien. Personnages très intéressants, belle écriture.
  17. The Heart is a Lonely Hunter de Carson McCullers
  18. Gros kiff. J'adore la langue, les variations, les argots dans lesquels c'est écrit. L'histoire est aussi très touchantes, je m'identifie un peu à ces misfits. La fin est un chouïa molle.
  19. La cité des permutants de Greg Egan
  20. Scifi. J'aime beaucoup le début : beaucoup d'idées enrichissantes et stimulantes (surtout pour un livre de 1994) et le personnage de Maria est sympa. La deuxième partie me plait moins : je me perds dans le container qui tourne dans une VM sur un container (et j'ai l'impression que l'auteur aussi) ; Egan ne va pas assez loin dans sa réflexion et c'est un peu mou.
  21. Un Amour inhumain d'Edogawa Ranpo
  22. 6 nouvelles fantastique/policier. Intéressant mais la plupart ne proposent pas de surprises. J'ai bien aimé la fin de Les crimes étranges du docteur Mera et dans les Canaux de Mars, la forêt sombre et sans bruit, un bel élement fantastique ainsi que la pseudo Vouivre.
  23. Les milles et une gaffes de l'ange gardien Ariel Auvinen d'Arto Paasilinna
  24. Ça se lit vite (vocabulaire et narration simples, petits chapitres, gros caractères). Rien n'est dramatique, comme si ce qui se passait et qui peut être grave n'a aucune importance au sein du roman, comme une rupture du contrat romanesque. Je ne sais pas si j'ai aimé.
  25. La Divine chanson d'Abdourahman Waberi
  26. Je n'ai pas su lire ce livre. Il y a un rythme inhérent au livre et j'ai pas su le trouver. Peut-être on ne peut pas le lire sans écouter Gil Scott-Heron. Je n'aime pas le style non plus, on dirait, peut-être malicieusement de la prose de journaliste musical « le Blues primordial », « la grande chanson tellurique » … J'ai arrêté avant la fin. J'essaierai de finir : ça se lit facilement. Déçu.

2018

  1. Terreur dans l'hexagone de Gilles Kepel et Antoine Jardin
  2. Intéressant. Au début je suis un peu déçu qu'on soit dans une série de cas et situations individuels au lieu d'envisager une étude plus globale mais y a probablement beaucoup de diversité dans les situations, motivations…
  3. The Fishermen de Chigozie Obioma
  4. Déçu. Je trouve les descriptions de ce qui se passe un peu brouillonnes. Enfin, j'ai du mal à bien appréhender ce qui se passe (ptet c'est moi qui lit mal, hein…). Du coup, je suis parfois enduit d'erreur dans mon imagination. L'histoire elle-même n'est pas non plus enthousiasmante. Et j'ai passé ma lecture à comparer ce roman à Homegoing de Yaa Gyasi que j'avais beaucoup aimé. Et The Fishermen n'est pas à la hauteur. Pourquoi je compare ces deux livres ? Parce que les deux auteurs sont Africains (une Ghanéenne et un Nigérian). Je… ouais, ça n'a pas grand'chose à voir mais il n'empêche que c'est à cette aune que je comparais les deux romans.
  5. Le temps des algorithmes de Serge Abiteboul et Gilles Dowek
  6. Intéressant. C'est écrit de manière pédagogique et pour un public généraliste. Du coup, j'ai pas appris grand'chose (j'ai déjà entendu parler des algos ^_^) sur les 2/3 du bouquin et j'étais un peu frustré quand ils n'entraient pas dans le détail (l'essai est court et le sujet super vaste). La fin m'a plus intéressé : ça permet de se poser des questions (qui rejoignent des romans de scifi).
  7. Construire un peuple de Chantal Mouffe et Íñigo Errejón
  8. Sur les objectifs politiques des mouvements populistes (qu'il ne faut pas dire populistes même si, si. Et qu'il ne faut pas dire de gauche, mais ça dépend, c'est émancipateur mais pas de gauche). Je ne suis pas d'accord sur tout évidemment. Je suis parfois agacé par le côté dialecticien et bon petit militant d'Errejón et par le fait que leur objectif est juste remplacer le calife sans changer la conception du pouvoir (en particulier sa réfutation de l'« exodisme » me semble trop facile, même si certains aspects me font réflechir), même si c'est pas complètement vrai parce qu'il (enfin les mouvements de refondation du peuple) veulent aussi changer d'hégémonie. Enfin, c'est très intéressant.
  9. Que fait la police ? de Mathieu Zagrodzki
  10. Intéressant panorama des missions de la police (sécurité de l'État, crime organisé, sentiment d'insécurité…), des problèmes rencontrés (integration des minorités, rapport à la population…), des trucs qui marchent et des trucs qui ne marchent pas. Sauf qu'à la fin y'a des méthodes qui marchent parfois et parfois pas, c'est assez frustrant mais d'un autre côté c'est pas comme si allait me demander mon avis…
  11. Anarchy Evolution de Greg Graffin et Steve Olson
  12. C'est ni un livre de science (et du coup, j'ai été un peu déçu du contenu même si y'a des exemples en biologie qui ont enrichi ma connaissance), ni un livre sur la scène punk/punk rock (y'a quand même des anecdotes sympas). Y'a pas mal d'infos sur Bad Religion (je crois que j'ai fait 2 ou 3 concerts de Bad Religion…) donc ça me servira pour l'article WP quand je serais motivé. C'est plus un livre de mémoires. Correct mais j'attendais mieux.
  13. Parler politique en Chine d'Émilie Frenkiel
  14. Alors déjà oui, on peut. Super intéressant. (more to come)
  15. Le Père Porcher de Terry Pratchett
  16. Ça se lit vite et ça passe le temps. L'Anneau-monde c'est pas désagréable à lire, y'a toujours des jeux de mots sympas et dans certains tomes y'a même des histoires que j'apprécie, surtout avec Rincevent. Je vais ptet finir par les lire tous mais en général, dès que j'en lis un, je me dis que j'aurais mieux utilisé le temps qui me reste à lire qqch de plus intéressant.
  17. Six Israeli Novellas
  18. Six auteur·e·s différent·e·s. Des styles et des thématiques différents. J'ai bien aimé Benjamin Tammuz (le kibbbitzer, l'œil qui juge son frère, personnage relativement creux parce qu'il ne fait rien que lire et observer (oui, je sais…)), David Grossman (Yani en exil du monde dans une base militaire du Sinai) et Aharon Appelfeld (un truc fantastique/symbolique/poétique sur une petite île italienne). Ruth Almog et Yehoudit Hendel (le style est parfois casse-couille, j'ai l'impression qu'elle ne cherche pas à se faire comprendre, une scène infernale est particulièrement marquante) : correct. Yaakov Shabtai : moué.
  19. La Conversation de Bolzano de Sándor Márai
  20. Bien. Je me souviens plus trop mais j'ai bien aimé.
  21. Good Omens de Neil Gaiman
  22. Fantasy sympa : la langue est riche, divers registres, les deux personnages principaux sont amusants, l'intrigue est correcte.
  23. Crystal Silence de Fujisaki Shingo
  24. SF japonaise. L'intrigue est correcte mais c'est mal écrit : style lourd, redondant, descriptions pas claires, concepts fumeux et les personnages sont superficiels… (je ne sais pas si c'est la faute de l'auteur ou la traductrice du japonais vers l'anglais) Donc au final bof.

Pourquoi ?

Quelqu'un m'a demandé ce que je lisais. Donc mon premier objectif c'est de tenir cette liste plus ou moins à jour. Ça m'a pris 6 mois à commencer. Ptet je remplirai mes lectures d'automne 2017. Un jour.

Et si je le faisais sur github ? Boh, autant centraliser mes notes. Je dépends cependant de google…

Mais j'ai pas envie d'ouvrir un compte sur une plate-forme, genre goodreads (amazon) ou sens-critique (je ne connais pas bien les différents sites) : parce que mes données seront minées et analysées, peut-être revendues. Pourquoi j'ai pas envie ? Je sais pas. Je pense qu'en écrivant ici, mes données seront analysées MAIS y'a rien pour me proposer des amis (qui ont des lectures similaires) ou des lectures (j'arrive très bien à trouver des nouveaux trucs à lire par d'autres canaux…) C'est pas un argumentaire de fou, mais j'aime pas être le produit. L'insoumission c'est maintenant ! Je suis pourtant aussi le produit sur blogspot. Hopefully, un jour ce choix sera plus clair.

Ah et j'ai pas mis les bandes dessinées. Je sais pas trop pourquoi.

vendredi 23 juin 2017

Éthique vs esthétique : le retour du grand dilemme

Flash-back : je suis devenu végétarien grosso modo par prise en considération de la souffrance animale. Mais le tarama c'est vachement bon (ça c'est le côté esthétique). Continuer à en manger c'est ridiculiser mes convictions végétariennes (ça c'est l'éthique). Boum, dtc le nœud gordien : éthique 1 - 0 esthétique. Comme le dit Spinoza, l'éthique encule l'esthétique. Là c'est pas la tarama, c'est la bière. Nan mais je vous parle pas de Heineken, je parle de craft beers brassées par des petites mains de passionné·e·s et bues par des esthètes décadents et cosmopolites.

Donc. Samedi dernier (17/6), je regarde sur Internet une meuf qui était à une réunion politique pour confirmer quel est son groupe politique. Et parmi les conseillers municipaux, je tombe (boum) sur la photo de la patronne du bar où on se retrouve hebdomadairement avec des amis. Ah, je savais pas qu'elle est au conseil municipal. Elle est quelle tendance ? Clic. Clic. AH ! (re-boum) Et là c'est le drame (le protocole http ne permet pas de partager cette légère sensation de vomi) : le parti de la haine (quoique je pourrais dire que les Insoumis c'est aussi un parti de la haine, du « riche », du travailleur du privé,… et LR, celui de la haine du « pauvre », ptet on verra ça dans un autre post, j'ai pas le cœur au troll).

Pour en savoir plus, j'ai gratté le fond des Internets : elle n'a visiblement jamais siégé au conseil municipal, elle a été exclue du parti avec la tête de liste quand elle et un colistier ont demandé à ce que le parti soit purgé des xénophobes et faf, et elle a appelé à voter Wauquiez aux régionales. Du coup, ça entraîne d'autres questions : 1) arriver sur une liste du FN en quatrième position c'est un acte très militant, 2) faut vraiment être con, ou n'y rien connaître en politique, pour s'étonner qu'il y ait des xénophobes et des faf au FN, 3) elle n'a toujours pas démissionné du conseil municipal mais n'y siège jamais : why? et enfin 4) voter Lolo la lentille en quoi est-ce plus acceptable pour moi ? I mean, je peux pas faire mes achats que chez des gens qui ont les mêmes non-convictions anarcho-groucho-marxistes, MoDem canal historique, que moi (essentiellement parce que ça doit pas exister et aussi parce que ça fait un peu apartheid).

À cela s'ajoute d'autres questions : est-ce que boycotter le bar ferait baisser les idées du FN en France ? quel scénario fait que mon argent servirait à soutenir indirectement les idées du FN ? est-ce que boycotter le bar c'est condamner qqn pour délit d'opinion ? est-ce que traiter les ex-FN/néo-Lolo comme des pestiférés c'est une bonne stratégie (j'avais cette approche quand j'étais plus jeune) ? No Pasarán! ok, mais là on n'est pas à Teruel. Est-ce qu'il existe des bars sympas avec des patrons non-FN ? J'ai eu des retours, mais c'est du grandstanding, comme les discours moralistes des politiciens : « moi, je ne transige JAMAIS avec les gens du FN ». C'est toujours facile quand vous n'avez pas d'amis ou de connaissances votant FN de prendre des postures moralistes, on dirait Twitter… Évidemment ce discours moraliste me donne, par rejet, envie de sympathiser avec les gens de l'autre côté.

Du coup je fais quoi ? C'est pas uniquement moi qui décide, c'est l'unanimité des gens du groupe qui viennent au bar. Parce que si on vient à ce bar c'est pour la bonne bière et la bonne ambiance (c'est franchement pas national-socialiste, y'a plein de bobos comme moi, des En Marche, des métaleux, des alters [pun not intended] et j'y suis venu avec DES AMIS NOIRS). Donc si l'un des membres du groupe se sent mal à l'aise, on bouge. Comme d'habitude je flotte dans l'indécision schrödingerienne avant que qqn n'ouvre la boîte. One of those life-defining moments. Je balance mon premier jet de réflexions.

dimanche 29 janvier 2017

Le système c'est les Autres

Abstract Y'a un sujet qui me trouble récemment : qui est le système ? Ça m'est arrivé de deux côtés. D'abord avec l'élection présidentielle française. Alors chez les Le Pen, on est anti-système de père en fille, Alain Soumis, aussi est anti-système. Le mari de Penelope Fillon aussi, et Manu Macrōn aussi. Faudrait que je ressorte les citations mais ils l'ont dit à un moment. Pour Hamon, je sais pas. Je comprends que tous essayent de se positionner en anti-système parce que ça a plus ou moins marché pour The Donald (plus moins que plus puisqu'il a obtenu un nombre de voix inférieur à celui de Clinton et qu'il a gagné grace au système de grands électeurs qui n'existe pas en France, donc ça ne se réplique pas pareil en France). L'anti-système ça roxxe. Mais du coup qui est le système ? Qui représente le système ?

L'autre côté, c'est ma tweet list (TL). J'ai lu ce prof d'université, fils de, petit-fils de, qui critiquait « nozélites », ou ce maître de conf' qui se lamentait que les politiciens ne lisaient pas son blog où ils trouveraient pourtant de bonnes idées. Et plus largement ma TL est CSP+++, bac +5 min, souvent bac +8, blanc, bonne famille, bonnes études… et passe son temps à se plaindre du « système ». Déjà « fuck le system » ça me fait penser à un ado nourri à la purée idéologique des Wachowski mais je conçois que le monde qui nous entoure ne soit pas optimal (understatement). Mais le truc qui m'intrigue c'est comment des gens très bien insérés professionnellement, socialement, avec toutes les marques d'appartenance au « système » (études, maitrise de la langue, origine sociale, couleur, réseaux…) critiquent le-dit système sans se demander s'ils en font partie. Comme dans les vrais™ films américains, le méchant c'est toujours l'Autre : le noir, l'Arabe, le Russe, le Chinois. Nous, les réalisateurs-producteurs-scénaristes (et probablement ça inclut le public) on est les gentils. Ça me fait penser aussi à Furtwängler, ou au moins à la pièce Taking Sides où Wilhelm, après la défaite (oui, la défaite, je me mets dans le camp des vaincus cf. Nizan) dit qu'il était contre le système nazi puisqu'à une représentation il a présenté son archet en direction de Führer donc un acte hautement séditieux (enfin là je salope un peu la narration…). Donc j'en suis à : le système c'est les Autres, les enculés, moi non, j'ai rien à voir avec ça. À mon avis, quand ceux que le-dit système oppresse nous foutront sur la gueule (si ça arrive), ils n'iront probablement pas lire vos tweets mécontents, ô combien ironiques et subtils pour juger de votre solidarité. Ça sera un poing dans ta (ma) gueule de gros bourgeois, blanc, éduqué, progressiste et tellement raffiné.

Bon, je ne prétends pas juger du haut d'une position morale supérieure. Je suis pareil. Mais ça m'intrigue quand même de voir que l'appartenance « au système » est à la carte : quand ça m'arrange, pour le boulot, … le système c'est ok. Quand « le système » ne me plait pas, je le dis sur Twitter, ok, c'est bon, je me suis desolidarisé(e), ma conscience est propre, et je retourne travailler pour oh, le même « système ». Et je n'ai bien sûr aucun moyen de changer les choses contre lesquelles je gueule.

Autre truc, je ne pense pas qu'il existe UN système. Je pense qu'il y a un système (ou une caste) politique, un système technico-scientifique, un système artistico-culturel, lui-même sous-divisé entre Vrais Cultureux et Culture-pour-gueux (souviendez-vous du Kulturkampf 2016 sur la présence de la Grande Roue qui défigure tout Paris avec un analphabète qui tient en échec un estimé condisciple des Monuments historiques ! Sacrebleu ! Les Vrais Cultureux ont perçus ça comme encore une trahison du « système » à leur égard, eux qui sont responsable du Beau) et probablement une caste de journaleux (quoique ça doit se rejoindre avec les deux précédentes).

Et dernier axe : je pense que ce que les castes technico-scientifique et Vrais Cultureux sont très pas contentes parce que déjà ce sont des progressistes et qu'il y a beaucoup de choses contre lesquelles gueuler. Et surtout parce qu'avant, quand on était le Docteur machin ou Bidule qui a fait l'École officielle des Trucs artistiques, le bon peuple vous traitait comme un notable, avec moult prestige. Maintenant, la caste politique n'accorde plus la prééminence à ces castes (ou c'est la populace qui ne l'accorde plus, faut voir) qui s'en trouvent toutes fort mécontentes. Pas contre la vile populace, ça serait mal vu pour d'authentiques progressistes de critiquer le prolétaire. Mais contre le « système » (le politique, parce que notre caste, n'est pas un système) qui leur, nous, a volé notre belle aura de notable.

Onomastique des prénoms dans la communauté noire américaine

Abstract Ceci n'est pas une étude statistique puisque je ne sais pas quelle est la proportion de ces prénoms. Je ne vais pas non plus, au moins dans un premier temps, rentrer dans des considérations sociales sur les différentes communautés noires (j'ai déjà vu le pluriel) ni sur la provenance socio-économique des personnes qui portent ce prénom (y'a un chapitre là-dessus dans Freakonomics de Levitt et Dubner). Je me limite aux prénoms masculins (même si les explications peuvent s'appliquer pour certains prénoms féminins) parce cette question m'est venue du croisement de mes intérêts pour le sport masculin américain (basket-ball et football) et pour la politique américaine qui contient une partie communautaire (le terme américain est race politics, [moui…])

Par ailleurs, je ne sais pas si onomastique est le terme le plus adéquat puisque je ne traite pas des noms de lieu, mais l'anthroponymie traite des noms de famille et non des prénoms. En attendant de trouver un-e helleniste…

Mon propos c'est d'essayer de retrouver l'étymologie des prénoms, leur construction, d'identifier différents modes de production de ces prénoms et d'essayer de les catégoriser selon ces modes.

Le prénom de joueur le plus ancien dont je me souvienne est Corliss Williamson. Mais ensuite, plusieurs noms de joueurs célèbres : Shaquille, Kobe, LeBron, LaDainian, Dwyane, Carmelo, LaMarcus, Kyrie, DeMar, André, Kawhi, DeMarcus, Amare', Rashard, JaVale, Tayshawn… Ou en France Mykal (Riley).

Je commence par les joueurs de la draft 2016 de la NBA. Je retire les prénoms classiques, soit venant d'étrangers (Ben, Dragan, Jakob, Thon, Domantas, Giorgos, Juan Alberto, Ante, Timothé, Furkan, Pascal pour le premier tour) ou d'Américains (Brandon, Henry, Brice, Damian pour le premier tour). Au final, premier et deuxième tours confondus, j'isole : Jaylen, Kris, Jamal, Marquese, Taurean, Denzel, Wade, Malik, Caris, DeAndre', Malachi, Dejounte, Deyonta, Diamond, Demetrius. Je ne sais pas trop quoi faire du Bahaméen Chavano Rainier « Buddy » Hield.

Je fais pareil avec la draft 2015 (je n'ai pas encore filtré les joueurs sur la race, mais je suis à peu près sur que je n'aurais pas besoin : le prénom le fait pour moi) : D'Angelo, Jahlil, Justise, Rashad, Jerian, Delon, Rondae, Tyus, Jarell, Kevon, Montrezl, Rakeem, Richaun, Dakari, Sir'Dominic et Branden. Et Dekabriean (lien avec les Dekabristes ?)

Je rajoute Kentavious, Shabazz, Jrue, Dion, Kemba, Draymond, Nerlens, Jabari, Elfrid à partir des derniers NBA week-ends. En y pensant au fil du temps : Latavious, Othello, Othella.

Draft NFL 2016 (premier tour seulement) : Shaq, Keanu, Laquon, DeForest, Laremy, Ezekiel.

Draft NFL 2015 : Jameis, Dante, Amari, Ereck, Andrus, Trae, DeVante, Arik, Shaq, Breshad, Laken, Damarious, Stephon, Dorial, Benardrick, Jaquiski, D'Joun, Jaelen, Hroniss (d'origine roumaine), Jamon, Chaz, Danielle, Geneo, Angelo, Jamison, Jalston, Tre', Jamil, Ibraheim, Ramik, Doran, Za'Darius, Kwon, Javorius, DeAndre, Rashad, Matrell, Kaelin, Tevin, Geremy, JaCorey, Darius, Leterrius, Quandre (frère de Quentin), Darius, MyCole, Mykkele, Stefon, Shaquille, Neiron, Deiontrez, Kyshoen, Kennard, Gerod, Dezmin, Da'Ron, Reshard, Quinten, Ameer, Senquez, Denzell, Xzavier et La'el.

Draft NBA 2016 : Malik JonMikal, Jaylen Marselles (Marsalis ? Marcel ?), Lamous, DeAndre', Marquese, Deyonta, Brannen, Demetrius, Derrick Labrent, Rakish, Zeke, Melo, Makai, Dedric, Travion, BeeJay (surnom pour Chukwunonso Nduka), Diamond (Stone), Dejounte.

Draft NBA 2017 : Markelle, Lonzo, De'Aaron, Malik, Edrice, DeVante, Davon, Jawun, Damyean, Sindarius, Kadeem.

Draft NBA 2018 : Rawle, Leron, Mikal, Tashawn, Deandre Edoneille (bahaméen), Wendell, Kameron, Tyler Lee-Deon, Tremaine, Kaiser, Shaivonte Aician, Rayford Trae, Lonnie, Gary Dajaun, Khyri, Zhaire, Anfernee Tyrik, Malik Tidderious, Doral, De'Anthony, Makinde, Wendell, Jevon, KhaDarel

Draft NBA 2019 : Oshae Jahve (Oshae, comme Ice-Cube), Armoni Daetrell, Amir, Kyran, Latham, Zylan, Devir, Dewan, Talen, Aric, Daulton, Keldon, Zion, Coby (diminutif de Jacoby), Tremont, Jamaine, Rayjon, Ayinde, Admiral Donovhan (et son frère Alacce O'Brien), Matisse (père haïtien, d'après le peintre), Nazreon (Naz), Jontay, Shamorie Saequan, Temetrius, Terance (graphie originale), Nassir, Jalek, Adonys, Jaxson, Quinndary Vonta.

Draft NBA 2020 : LaMelo, Obi (diminutif d'Obadiah), Onyeka (mais le nom est encore nigérian donc pas la même origine), Tyrese, Saddiq, Zeke Nnaji, Saben, Jahmi'us, Skylar, Justinian, Immanuel, Ty-Shon, Dachon, Cassius, Yoeli, Tyrique, Kahlil.

Draft NBA 2021 : RaiQuan Kelvan, Jericho Eduard, Sharife, Dalano, Kessler, Jared Gladwyn, Herbert Keyshawn (comme Keyshawn Johnson), Day'Ron, Jaden Tyree, Cameron Bouchea, Nah'Shon, Isaiah Ju'mar, Jalen Tyrese, Keon, Tre'Shaun, Ziaire, Davion De'Monte, Jalen Rashon, Jalen Romande, Desi Justice, Nojel Imani, Feron, Romeo Jajuan, Duane, Kyree, DeWayne, Javonte Dedrick, Moses Josiah, Jahvon, Chaundee Dwaine, Nahziah, Chudier, Trevion, Zacchaeus, Cartier Ducati, Tahj, Romeao, Aleem, Asante, Elyjah, Jayvon, Quade, Javion, Amauri, Romio, Kashaun, Taveion, Jhivvan Jameel, DeJon Jarmond, Carlik, Caston (HI ?), McKinley, Romello Da'Quan, Keaton, D'Mitrik, MaCio, Anthony Shey, Dru, Aamir, Devontae, Jamorko, Colbey, Damek, Jadyn, JaQuori.

Draft NBA 2022 : JD Davison (pour Jerdarrian Devontae).

Autres : Lachoin, Lachion, Marquell (variante de Markelle, ou l'inverse), Shavidee, Jeluntae, Jehyve, MiKyle, Equanimeous et ses frères Osiris et Amon-Ra Julian Heru.

Critères étymologiques

Islam

Shabazz, Jamal, Jahlil, Rashad (ou alors c'est lié à Ahmad Rashad ?), Malik, Rakeem, Jamil, Ibraheim, Ameer. Comment juger si c'est issu d'une motivation Nation of Islam ou de l'origine arabe ? Shaquille, Kadeem

Déformation volontaire ou faute d'orthographe

Dwyane, Kris, Khris, Kevon (pour Kevin), Branden ou Brandan (pour Brandon), Lonzo (pour Alonso), Damyean (pour Damion, Damian)

Un mélange

Rashard, Reshard à base de Richard ou Rashad ?

Une personnalité célèbre

Shaquille donne de nombreux Shaquille et Shaq, sans que la raison du prénom soit la même. Keanu : est-ce à cause de l'acteur ? Pareil pour Denzel

Préfixe

La, Le, Da, De : LeBron, DeAndre, DeVante, LaDainian, DaShaun, Da'Ron, De'Aaron, DeForest. Y'a aussi Za'Darius, formé sur le même mode ? Et JaVale ?

dimanche 22 janvier 2017

Transparence journalistique

Abstract Depuis quelques années, sur l'exemple américain, se développe en France (merci à Regards citoyens en particulier) et au niveau de l'UE une documentation, un suivi des personnalités politiques : présence en séance, proposition de loi, participation à des commissions, rencontres avec des gens, déclarations des lobbies, déclaration du patrimoine… Bon c'est encore essentiellement au niveau national et européen (enfin j'ai pas connaissance de données au niveau régional ou départemental).

La démocratie repose aussi sur un autre pilier qui est la presse, enfin l'information impartiale des citoyens (en partant de l'hypothèse que ce sont les citoyens qui décident in fine des choix politiques). Bon y'a aussi des éditorialistes mais tout le monde sait qu'ils disent de la merde donc osef. Et pour surveiller la presse, il y a des observateurs critiques des productions médiatiques. J'ai deux problèmes.

D'abord ces critiques sont souvent au niveau national. Or mon cas d'espèce récent c'est Clermont-Ferrand : 3 articles dans le journal local, La Montagne, sur l'ouverture d'un bar à chat à Clermont-Ferrand (le 20 décembre 2016, le 16 janvier et le 17 janvier). Y'en a ptet eu d'autres mais je ne suis pas l'actualité de manière régulière. C'est évidemment une info sans importance. Justement : pourquoi faire trois articles pour ça ? Mon mauvais esprit m'entraîne à des questions genre « oh mais est-ce que c'est pas pour faire plaisir à des amis ou parce qu'on lui a promis des trucs ? » Évidemment j'ai aucun moyen de vérifier quoique ce soit. Sur une info aussi mineure, sans enjeu, il est impossible de faire une quelconque traçabilité des conflits d'intérêts du journaliste. Sur les infos à gros enjeux, il est possible que si l'info est trop partiale pour un groupe d'intérêt, un autre groupe fasse des enquêtes et essaie de publier une info dans l'autre sens (genre, la guerre de l'information sur les échauffourées en Judée-Samarie). Bon. Mon objectif est plus local : réflechir à un moyen de tracer les connivences entre journalistes et « sujets » au niveau local.

L'autre problème c'est la critique des médias (acrimed, Arrêts sur image) ne se fait pas tant sur le système médiatique en général (à la Bourdieu) mais essentiellement sur les productions journalistiques des médias « mainstream » parce que leur biais n'est pas le BON™ biais. En gros, la critique (que je peux trouver justifiée) se fait contre ceux qui ne partagent pas les convictions d'extrême gauche des critiqueurs. Jamais contre son camp parce que ça serait de la haute trahison cosmopolite. Eux c'est le système, un groupe d'intérêts corrompu par l'argent, nous c'est la liberté et la vérité (donc forcément, même si y'a des conflits d'intérêt c'est pour le bien de tous, donc c'est justifié).

On va tenter autre chose

Abstract Depuis plusieurs années, le seul moyen par lequel je communique avec vous c'est Twitter (enfin j'envoie des mails mais c'est pas pareil). Or je suis incapable de résumer ce que je veux dire et qui m'intéresse, ce qui m'intrigue, ce qui me dérange en 140 caractères. C'est peut-être parce que je suis incapable de condenser une pensée, parce que je n'ai pas une formation littéraire, ou parce que je ne suis pas fan de la discussion par slogan qu'impose Twitter (je reviendrai là-dessus dans un autre post) ou autre. En tout cas, je n'y arrive pas. Je peux balancer des blaguounettes ou des liens, mais c'est tout.

J'ai aussi ce blog qui me permet de communiquer avec vous. Mais j'ai un problème de méthodo : je travaille sur un post, ça prend du temps, et je me dis qu'il y a d'autres points à élucider, des trucs à améliorer et je re-creuse… Enfin un peu comme la rédaction d'un article scientifique. Sauf que j'ai un temps limité à y consacrer donc ça n'avance pas et ça ne sort jamais. Du coup j'ai délaissé ce média.

Je vais tenter de ressusciter ce blog en l'utilisant autrement : publier un post avec uniquement l'abstract et faire évoluer le post au gré de mon temps, de mes réflexions, des interactions que j'ai…

dimanche 12 janvier 2014

Poésy

Mer (indigne)

Un petit poème inspiré par la fête de la musique 2013 à Clermont.

Groupes dont l'énergie compense la sono foireuse
Bancs de jeunes et flots de Kro tiédasse
Épaves humaines dans une rue houleuse
Mer de pisse et coquillage de tessons.

The OG on the heap

Une tentative de rap. J'ai gardé le fond (enfin, le fond d'un certain rap) : i got bigger gunz, moar bitchiz than you. And you suck. And i'm a real gangsta from the streetz. And I rap harder. Fuck you. Mais en y mettant du geek dedans. Dans le titre, si besoin, le OG sur le heap c'est l'OldGeneration space, pas The Real OG.

I got more rhymes than lines in teh Amazon databases
Yours are so unpopular, gc hastens their release
Your flow is so stu-stu-stu-ttering i need git rebase
Mine: anyone can grok it and at my mastery gaze
My posse rules these streets and has more rights than root
We come to your hideout: you weaklings have already fled out
You skedaddled so fast your runaway protocol solves TCP congestion
Come the final assault, y'all can't man -k your position
It's no surprise you get a mighty shell-acking:
Dumb script-kiddie, you don't know nuttin' bout hacking
You rap like a machine that's not even Turing-complete
Don't bother, with me you can't compete
Were you born with -------v on to be so verbose?
All I hear for my beats and rhymes is applause!